La pandémie a changé le comportement des consommateurs et notamment celui des amateurs de vin. Alors que les restaurants sont fermés et les foires annulées, la vente de vin sur Internet est en plein boom. En 2020, les ventes de vin via Internet sont estimées à près de 600 millions d’euros en France, soit 100 millions d’euros de plus que l’année précédente. Le e-commerce de vin aurait d’ailleurs plus progressé en France (+22 %) que le e-commerce en général (+11 %), relève une étude du cabinet d’étude spécialisé dans l’analyse économique Xerfi présentée en décembre. dernier. Le rapport des Français au vin a beaucoup évolué durant ces vingt dernières années et les habitudes, longtemps immuables, ont changé. C’est ce que décrypte également SoWine/Dynata qui analyse les tendances de fond observées sur un an dans l’univers du vin et des spiritueux.

Des consommateurs connectés et attirés par le bio
L’enquête révèle que la viticulture biologique intéresse de nombreux acheteurs. Aujourd’hui, les deux tiers (près de 67 %) des consommateurs prennent le temps de regarder si la bouteille de vin désirée affiche le logo AB, une donnée en hausse de 31 points par rapport à 2019. Cet intérêt se confirme nettement chez les jeunes de moins de 25 ans et chez les connaisseurs. Leurs motivations ? Le respect de l’environnement (49 % des personnes consultées), la qualité du vin (44 %) et la santé (37 %). L’étude démontre également que les acheteurs sont prêts à payer plus cher si le vin est certifié bio même si certains craignent de trouver un goût trop différent de ce qu’ils aiment habituellement (20 %).
Galvanisés par les confinements successifs, les géants de l’e-commerce, les sites spécialisés, les cavistes et même les vignerons ont capté des parts de marché par ce biais et les acheteurs sont bien au rendez-vous. Au 1er janvier 2020, la vente digitale de vin représentait une valeur de 500 millions d’euros avec plus de 500 sites actifs. Soit 9 % de la consommation nationale. La part de consommateurs en ligne est passée de 31 % en 2019 à 46 % en 2020 et 69 % d’entre eux accordent un budget plus important à leurs achats en ligne, soit plus de 10 euros par bouteille.
Le E-Commerce bat tous les records de croissance
Et la tendance devrait se poursuivre, puisque Xerfi estime à 780 millions d’euros le montant total de ces ventes pour 2023. « Il y a une démocratisation de la pratique d’achat en ligne, poursuit Jérémy Robiolle, directeur du développement à Xerfi. Cette tendance se renforce, s’accélère ». En témoigne la hausse du trafic sur les sites spécialisés de vente de vin, estimée à 35 % en 2020. « La distribution en ligne, jusqu’ici annexe, bat tous les records de croissance », confirmait le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne à la fin de l’année. « La Covid a un peu précipité les choses », ajoute Françoise Roure, responsable communication du bureau de Chablis. « Beaucoup de vignerons ont sorti un site marchand ou mis en place des drive ou du click & collect ». C’est le cas du domaine Olivier Morin de Chitry qui présente depuis fin 2020 une nouvelle version de son site internet. S’il proposait déjà une boutique en ligne, « ça vivotait », reconnaît Olivier Morin. Mais en 2020, « ça a vraiment fonctionné ». Les consommateurs français sont de plus en plus adeptes des sites (38 %) et des réseaux sociaux (37 %) pour se cultiver et mieux connaître l’univers du vin. 28 % des Français connectés suivent des influenceurs vins et spiritueux. Par ailleurs, la moitié des grands acheteurs de vin déclarent avoir déjà acheté un vin qui leur avait été recommandé sur les réseaux sociaux.
Pour les cavistes aussi, les habitudes ont considérablement changé depuis la crise sanitaire. Avant l’épidémie, Kévin Renault parcourait des kilomètres pour acheter son vin. Désormais, il le fait depuis son canapé. « J’ai tous les vins que la société propose en ce moment, donc Français et internationaux aussi« , explique le jeune homme. Avec le confinement, plus de possibilité de se rendre aux foires aux vins. Plus de possibilité non plus de visiter des domaines. Alors, ses habitudes ont changé. Il admet qu’avec la vente sur Internet, il est parfois tenté d’acheter un peu plus ou de réaliser des achats compulsifs. Le 9 janvier dernier, la cave Lavinia, implantée dans le quartier de la Madeleine à Paris, a fermé ses portes. L’enseigne ne disparaît pas pour autant du paysage français. Elle réfléchit à une plus petite boutique, peut-être éphémère, en tout cas mieux adaptée à la réalité du marché. Notamment au « click and collect ». Car Lavinia compte surtout développer son site de vente en ligne, déjà l’un des plus gros créés par un caviste indépendant. Le choix opéré par ce dernier est néanmoins audacieux tant les cavistes sont encore marginaux sur ce marché de la vente de vin en ligne. Le secteur est dominé par des mastodontes généralistes, comme Cdiscount ou Amazon, et par les hypermarchés. Et puis des sites de ventes privées : Veepee ou Vente à la propriété. Ces trois types d’acteurs sont peu nombreux mais captent 51 % du chiffre d’affaires de la vente en ligne de vin.
Les vignerons à porté de clic !
Tandis que les visites virtuelles et les contacts par visioconférence se généralisent, et que le lien de proximité se renoue grâce à Internet, rien d’étonnant à ce que les internautes s’offrent un voyage exploratoire dans les vignobles et passent commande à distance et en confiance. Même le plaisir est à 100% au rendez-vous. Parler de l’univers du vin, faire partager sa passion et faire vivre en mots et en images son terroire, c’est ce que partagent de nombreux vignerons. Avec les confinements, la fermeture des restaurants, l’annulation des salons, l’arrêt de l’œnotourisme et la fermeture des marchés à l’export, la crise, très brutale pour le secteur viticole, a accéléré sa digitalisation. Les vignerons indépendants, particulièrement impactés, ont pris conscience qu’ils devaient investir ce canal de distribution et être présents sur les sites spécialisés. Une opportunité à ne pas manquer et à bien réfléchir car tous les sites n’ont pas le même modèle de distribution. Bien qu’ils soient convaincus par le e-commerce, de nombreux vignerons ne savent pas comment s’y prendre. JC DIGITAL vous accompagne sereinement dans votre transition numérique.